Nous sommes des mandataires politiques de différents partis de la région liégeoise.
Il y a douze ans, en 2009, le gouvernement Leterme mettait en place un processus de régularisation, permettant à des milliers de personnes sans-papiers de faire respecter leurs droits fondamentaux et de s’insérer dans notre vie économique, sociale et culturelle. La Banque Nationale de Belgique, dans son rapport datant de novembre 2020, a reconnu l’impact bénéfique des personnes migrantes sur l’économie belge.
Depuis cette dernière campagne de régularisation, des personnes en danger dans leur pays ont trouvé refuge chez nous. Ayant été déboutées de leurs demandes d’asile ou de séjour, elles tentent de survivre dans notre société et poursuivent leurs efforts d’inclusion malgré les nombreux obstacles administratifs qu’elles rencontrent. Elles œuvrent avec le soutien d’associations et de citoyens belges pour la reconnaissance de leur existence et de leurs droits.
Le 3 février 2020, la grande majorité du Conseil communal de Liège a soutenu leurs revendications par le vote d’une motion en faveur de la régularisation des personnes sans-papiers, entraînant à sa suite de nombreuses autres communes belges.
En effet, Liège Métropole est confrontée quotidiennement à la question des personnes sans titre de séjour, mais fait aussi l’expérience de ce qu’elles apportent sur le plan culturel et social à la vie de la Cité.
La pandémie a aggravé la précarisation des sans-papiers. Les activités de solidarité qui permettaient à ces personnes de survivre ont été réduites. Elles sont davantage soumises aux risques de la contamination et elles ont un accès très difficile aux soins adéquats lorsqu’elles sont touchées par la maladie. En outre, elles restent exclues du marché du travail formel.
En effet, les compétences et formations des personnes sans-papiers – notamment dans le secteur médical – ne peuvent être mises à contribution dans la lutte contre le virus, puisqu’il leur est interdit de travailler faute de statut de séjour, et ce malgré les besoins éprouvés dans plusieurs secteurs en pénurie de main-d’œuvre.
Malgré les réalités du terrain et les mobilisations toujours plus importantes, le Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi répète que la mise en œuvre d’un processus de régularisation est exclu durant cette législature : la régularisation doit garder un caractère exceptionnel et relever du pouvoir discrétionnaire du Secrétaire d’Etat. Pour notre part, nous pensons qu’il n’est pas possible de reporter cette question aux prochaines échéances électorales.
La politique des retours dits « volontaires » prônée par Sammy Mahdi ne correspond pas aux considérations pragmatiques liées aux besoins économiques de la Belgique. Les sans-papiers jouent déjà un rôle crucial dans des secteurs comme l’HORECA, la construction, le nettoyage, les services aux personnes, l’agriculture, où ils-elles sont fréquemment victimes d’abus en raison de leur statut. Les régulariser serait non seulement bénéfique à cette population mais bénéficierait également aux finances publiques par le biais des contributions de ces travailleurs et travailleuses. Le maintien d’une partie de la population de Belgique dans une situation de précarité légale affaiblit la démocratie, le respect des droits de la personne humaine et renforce dans la société les sentiments hostiles aux migrant.e.s.
Par cet appel, nous réaffirmons ainsi notre volonté de :
  • Mettre en place des critères clairs de régularisation, évalués par une Commission permanente et indépendante.
  • Renégocier l’Accord de Coopération du 2 février 2018 pour ouvrir aux personnes sans titre de séjour déjà sur le territoire l’accès au Permis unique, afin qu’elles mettent leur force de travail au service de la collectivité dans le respect de leur dignité.
Pour des raisons de sécurité sanitaire, bien sûr, mais surtout parce qu’une société démocratique, humaine et juste ne peut laisser de côté, dans la précarité et l’angoisse de son avenir, une partie de sa population.
Pour ECOLO :
Caroline Saal, conseillère communale à Liège, cheffe de groupe
Véronica Cremasco, députée régionale, et co-présidente d’ECOLO pour l’arrondissement
Olivier Biérin, député régional, et co-président d’ECOLO pour l’arrondissement
Benoît Lhoest, co-président de la Locale de Liège
Guy Krettels, conseiller communal à Liège.